Artsakh - Arménie
SITUATION AU 4 DECEMBRE 2020
La guerre totale lancée par l'Azerbaïdjan sur le territoire du Haut Karabakh (Nagorno Karabakh, République autoproclamée d'Artsakh, 149.000 habitants), avec tout le soutien militaire de la Turquie, et le soutien en équipement militaire, munitions et logistique d'Israël, a été arrêtée par la signature d'un cessez-le-feu imposé par la Russie le 10 Novembre 2020.
Destructions de villages par des bombardements volontairement aveugles pour tuer des civils, utilisation de bombes à sous-munitions et de bombes au phosphore blanc (incendiaires) pour tuer et blesser
à large échelle, drones israéliens suicides, envoi par la Turquie de mercenaires terroristes djihadistes Syriens pour combattre en première ligne et commettre les plus inhumaines exactions sur les
combattants Arméniens prisonniers (décapitations, mutilations), ainsi que sur les civils. Près de 3000 personnes, militaires et civils, ont péri côté arménien ( l'Azerbaïdjan ne communique pas sur
ses pertes humaines...). Voici les faits aujourd'hui avérés commis par cette coalition sur ce territoire, et sa population, qui peuvent entrer pour le moins dans la catégorie des crimes de
guerre...
Ilham Aliev, “président de la République” d'Azerbaïdjan par héritage successoral de son père, s’est félicité d’une « capitulation » de l’Arménie. « J’avais dit qu’on
chasserait [les Arméniens] de nos terres comme des chiens, et nous l’avons fait », a-t-il déclaré à la télévision. C'est à une guerre de nettoyage ethnique, une poursuite du
génocide des Arméniens par la Turquie en 1915 à laquelle on était en train d'assister. Sans réelles réactions, ou très tardives, de la communauté internationale.
Après la signature de ce cessez-le-feu par Ilham Aliev, Nikol Paschinian, Premier ministre élu d'Arménie, et Vladimir Poutine, la Russie a imposé la présence de 2000 soldats russes sur le territoire du Haut Karabakh, pour faire respecter cet “accord” sur une nouvelle frontière issue de ces combats.
Rapide retour sur les origines
A l'époque de la création des Républiques Socialistes Soviétiques, les Russes (Staline) réalisèrent des découpages très stratégiques qui demeurent
encore aujourd'hui à l'origine de graves conflits relatifs aux droits d'autodétermination des peuples.
Ce fut le cas du Haut Karabakh à cette époque, peuplé à 80 % d'Arméniens, et qui fut enclavé dans le territoire d'Azerbaïdjan. Pour essayer de compenser cette rupture territoriale entre deux peuples
arméniens (la République Socialiste Soviétique d'Arménie, créée en même temps juste à côté, mais séparée...) les Russes donnèrent une autonomie au territoire du Haut Karabakh, mais sous contrôle de
l'Azerbaïdjan.
Au moment de la Perestroïka, les habitants du Haut Karabakh, voulurent faire sécession, ce qui entraîna des massacres et de véritables pogroms organisés par les Azéris sur les Arméniens.
A la chute de l'empire soviétique, en 1991, l'Azerbaïdjan abolit l'autonomie du Haut Karabakh, et en réaction d'auto-défense, après un referendum, les Arméniens déclarèrent leur indépendance et créèrent la République d'Arstakh. Ce qui entraîna un blocus militaire et une attaque du territoire par l'armée azérie. Cette première guerre fut gagnée en 1994 par la République d'Arstakh, avec l'aide de l'Arménie. Les deux territoires se trouvèrent réunis, mais les hostilités n'étaient juste qu'interrompues par un cessez-le-feu, régulièrement rompu par des tirs quotidiens, ou des opérations ponctuelles, menées par l'Azerbaïdjan.
Au vu de la « morale » internationale, le problème ne pouvant se résoudre par la force, une commission internationale de plusieurs pays se mit en place en 1992, dans le cadre de l'OSCE. Elle est actuellement présidée par la Russie, les Etats- Unis et la France (Groupe de Minsk)(1). Mais leur objectif de négocier une paix durable n'a pas abouti, face à la totale intransigeance de l'Azerbaïdjan, et aux réticences des Arméniens.
La situation, les conséquences
Les ambitions de plus en plus affirmées de l'état turc actuel sont de constituer, avec l'Azerbaïdjan, « un peuple, deux états » allant « de la Méditerranée à la mer Caspienne », et au-delà (revendication d'une territorialité turcophone). Le prétexte trouvé par la Turquie dans les revendications azérie de reprendre le territoire du Haut Karabakh, a permis au président Turc de se lancer dans une lutte pour une influence stratégique dans le Caucase et venir concurrencer la Russie sur « ses terres » de l'ancienne URSS. L'Azerbaïdjan, soutenu, équipé et manipulé par la Turquie, avec l'assistance militaire et technique d'Israël, a donc déclenché une guerre totale, profitant du contexte actuel de la pandémie, des élections aux Etats-Unis, et d'un attentisme marqué des gouvernements européens.
La République auto-proclamée d'Artsakh a perdu la totalité du territoire qui lui permettait d'être reliée à l'Arménie, et conquis lors du conflit de 1991-94. Mais surtout, d'autres zones perdues font parties du territoire qui avait été défini par les Russes en 1923, et constituant l'”oblast” autonome du Haut Karabakh.
Depuis le 9 Novembre la seule voie de communication restant entre Artsakh et l'Arménie (qui doit tout apporter à ce territoire enclavé) est la route du “Corridor de Latchin”, maintenant sécurisée et contrôlée par les troupes russes. La population civile qui avait fui en Arménie pour échapper aux bombardements et aux zones de combats, est en train de revenir à Artsakh. Mais elle y rencontre une situation très difficile, avec la destruction de logements, ainsi que des problèmes sanitaires, l'hôpital, des écoles et les édifices civils ayant été bombardés. Et l'hiver vient s'ajouter aux difficultés que doivent surmonter les habitants de ce territoire très montagneux.
L'Arménie, la Russie, la France, et surtout la diaspora arménienne dispersée dans le monde entier, envoient du matériel, de l'équipement, et financent les besoins les plus urgents.
En France, le Sénat le 25 Novembre (2), puis le Parlement le 3 Décembre (3), viennent de voter des résolutions reconnaissant la nécessité de protéger ce territoire et sa population face aux exactions
commises par l'Azerbaïdjan et la Turquie. C'est, peut-être, peut on espérer, une voie vers une reconnaissance officielle de la République d'Artsakh...
Il y aurait beaucoup à dire encore sur la dimension stratégique, géopolitique, de l'emplacement de ce territoire dans cette partie du monde soumise à des tensions permanentes, et à des conflits ouverts toujours d'actualité. L'Arménie, et Arstakh, états démocratiques, de culture chrétienne, constituent les seuls petits territoires et la seule population non turcophone (environ 3 millions de personnes) qui empêchent la Turquie de réaliser ses ambitions expansionnistes.
C.M. - 04.12.2020
Pour aller plus loin, mieux connaître l'histoire et l'actualité de cette région, quatre émissions récentes de France Culture (du 30.11 au 04.12.2020) :
https://www.franceculture.fr/emissions/series/larmenie-au-carrefour-des-empires
Déclaration ministérielle conjointe des coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE sur le conflit du Haut-Karabakh (Tirana, 3 décembre 2020)
Sur la situation géopolitique suite à ce conflit dans le Caucase (Décembre 2020) (Egalement en Pdf joint) : https://www.monde-diplomatique.fr/2020/12/DELANOE/62586
Ainsi qu'une analyse de la situation précédant ce conflit :
https://www.monde-diplomatique.fr/2020/11/MARKEDONOV/62407
Notes
(1) Groupe de
Minsk.
En 1992, alors que la guerre se déroule au Haut Karabakh, l'OSCE décide de créer un groupe pour mettre en place une solution pacifique à ce conflit. En plus de quelques
pays européens, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Turquie font partie de ce groupe. Il prendra le nom de Groupe de Minsk en 1994 lors de la signature du cessez-le-feu entre Arménie et Azerbaïdjan à
Minsk. Il fut ensuite décidé en 1995 de céer une co-présidence de ce groupe, attribuée à la Russie, les Etats-Unis et la France. Depuis cette date, le conflit n'a toujours pas été réglé, la solution
pacifique n'a pu être trouvée et une nouvelle guerre déclarée par l'Azerbaïdjan s'est déroulée sur ce territoire.
(2) Proposition de résolution adoptée par le Sénat le 25 Novembre 2020 : http://www.senat.fr/leg/ppr20-145.html
(3) Proposition de résolution adoptée par le Parlement le 3 Décembre 2020 :
http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b3436_proposition-resolution#
Participation à une aide humanitaire
destinée au Nagorno Karabakh
(Le 10 Novembre 2020)
Le voyage en Arménie a été annulé en raison du conflit actuel au Haut Karabakh.
La loi martiale et la mobilisation générale ont été proclamées en Arménie, pour apporter une aide aux arméniens du Nagorno Karabakh (République autoproclamée d'Artsakh, 148.900 habitants), attaqué par l'armée d'Azerbaïdjan ouvertement soutenue par la Turquie et l'état d'Israël.
Afin de participer à l'aide humanitaire destinée à la population du Nagorno Karabakh, Chiloé a lancé une collecte de matériel médical et orthopédique d'urgence. Nos amis au Nagorno Karabakh et en Arménie nous feront part également des besoins primordiaux sur place, et nous pourrons ainsi compléter ce premier envoi.
Si vous souhaitez participer à cette action humanitaire, contactez-nous
Le 10 Novembre 2020
Situation actuelle au Nagorno Karabakh.
Depuis le 27 Septembre, l'armée d'Azerbaïdjan attaque le territoire du Nagorno Karabakh, ancienne enclave autonome depuis 1923, peuplée aujourd'hui par 148.900 habitants d'origine et de cuture
arménienne. L'autonomie de l'enclave fut instaurée par Staline, après qu'il eût placé le Nagorno Karabakh en Azerbaïdjan et non en Arménie, alors que la population était à 94 % arménienne.
Au moment de la Perestroïka, en 1988, l'enclave du Nagorno Karabakh a décidé de proclamer son indépendance et créé la République autoproclamée d'Artsakh. S'ensuivirent des pogroms anti-arméniens en Azerbaïdjan qui firent des centaines de morts, un blocus militaire du territoire puis une guerre ouverte de 1992 à 1994 qui s'achèva avec le rattachement territorial de l'Arstakh à celui de l'Arménie, mais avec 30.000 morts et un cessez-le-feu quotidiennement rompu par la partie azérie.
Une guerre de 4 jour eût lieu en 2016, suite à une tentative d'invasion par l'Azerbaïdjan, repoussée par l'armée de la république autoproclamée d'Artsakh.
Depuis le 27 Septembre, la guerre a repris : attaques de fantassins, de chars, bombardements par missiles, aviation et drones, avec des armes interdites par les conventions internationales (bombes à sous-munitions, bombes au phosphore, fournies par les deux états qui soutiennent cette agression). La Turquie soutient ouvertement l'Azerbaïdjan, avec des transferts de troupes mercenaires djihadistes depuis la Syrie, du matériel militaire (chars, avions, drones...), ainsi que l'état d'Israël (fourniture d'armes normalement sous embargo, drones, assistance militaire...). La république d'Artsakh résiste, avec le soutien de l'Arménie. Mais les bombardements de villes et villages de l'ancienne enclave ont entraîné destruction, morts et blessés parmi la population civile, et déplacement d'une grande partie de la population pour se réfugier en l'Arménie.
Pour une information au jour le jour depuis l'Arménie :
- En français : https://armenpress.am/fre/
- En anglais : https://armenpress.am/eng/
Pour une information depuis la diaspora arménienne en France :
Une analyse au 10 Novembre :
Pour des information par le "Cercle d'amitié France - Arstakh" : https://www.france-artsakh.fr/
Pour une appoche historique de la situation :
On ne vous oublie pas...
Dans le jardin de Noosh, à Ashnak, chez Ani et Gayane